NOTICE BIOGRAPHIQUE
SUR LE
TRÈS-RÉVÉREND ALEXIS MAILLOUX.
VICAIRE GÉNÉRAL,
Décédé à l’île-aux-Coudres, le 4 août 1877.
“Ceria
bonum certnmen fidei :
apprehende
vitam oeternam in qud
voca
us es ftconfessu bonam confessionem
coràm mullis tes ibus.“
Combattez le saint combat de
la foi : remportez le prix de
la
vie éternelle à laquelle vous
avez
été appelé, ayant si
glorieusement
confessé la foi devant un
grand nombre de témoins.
I. Tim, VI, 2.
Ces paroles de l'apôtre
saint Paul semblent être le résumé parfait de la vie et des travaux de ce
vétéran du sanctuaire qui vient de s'endormir doucement dans la paix du
Seigneur à l’âge de soixante-seize ans et six mois, après plus de
cinquante-deux années de prêtrise, consacrées tout entières à l'exercice du
saint ministère et du salut des âmes. Homme laborieux, patriote dévoué, prédicateur
éloquent, missionnaire infatigable, prêtre sans tache, tel fut le révérend
messire Alexis Mailloux, dont l'Église de Québec enregistre aujourd'hui la
perte et dont elle conservera toujours le plus précieux souvenir. M. Mailloux
naquit à l'IIe-aux-Coudres, le 9 janvier 1801, et il a conservé jusqu'à sa mort
un véritable culte pour cette paroisse, où il avait vu le jour et où il devait
rendre le dernier soupir. La providence de Dieu qui le destinait à devenir une
des gloires du sacerdoce en notre pays, permit qu'il fût rencontré, un jour,
dans l'Ile même, par un des directeurs du Séminaire de Québec, le regretté M.
Jérôme Demers.
Ce prêtre distingué, avec ce coup-d'œil sûr qui je caractérisais
et peut-être aussi comme inspiré de l'esprit d'en haut, s'attacha cet enfant.
Le Séminaire lui fut ouvert, et, quelques années plus tard, le 28 mai 1825,
après un cours d'études classiques et théologiques aussi brillant que solide,
M. Mailloux recevait Fonction sacerdotale des mains de feu Mgr. J. O. Plessis, d'illustre
mémoire. Écolier modèle, lévite déjà consommé dans la piété et dans la vertu, aurait-il
pu ne pas devenir un prêtre selon le coeur de Dieu ?
Il le fut en effet; et
Mgr. Plessis, pour première preuve de son affection et de la confiance qu'il
mettait en lui, le fit aussitôt chapelain de cette paroisse naissante de
Saint-Roch de Québec, que ce Prélat aimait si particulièrement. Quatre ans plus
tard, en récompense de son zèle, on rattacha plus étroitement encore à son
poste et il devint premier curé de Saint-Roch. Il conserva ce titre jusqu'en
1833, époque à laquelle il supplia l'autorité ecclésiastique de lui laisser
exercer le saint-ministère dans une paroisse de la campagne.
La Rivière du-Loup
lui échut en partage. Il s'y était établi depuis un an à peine, lorsqu'on
réclama ses services pour la direction du collège de Sainte-Anne Lapocatière.
Inutile de dire qu'il se donna tout entier à cette oeuvre qui demande tant de discernement, de prudence et
de dévouement. A la mort de M. Painchaud, qui eut lieu, le 8 février 1838, il
accepta la cure de Sainte-Anne, tout en demeurant attaché au collège, au
soutien duquel il consacrait presque tous ses revenus ecclésiastiques, avec
cette charité qui ne s'est jamais démentie un seul instant. C'est pour
reconnaître tant de bons offices, qu'au mois de juin de la même année, Mgr.
Signay le nomma vicaire-général, honneur qu'il méritait à tant de titres.
Pendant dix ans, M. Mailloux se voua corps et âme à la desserte de cette
immense paroisse, sans jamais oublier l'oeuvre du collège dont il espérait tant
de bien pour le pays. Depuis longtemps cependant, ce saint prêtre mûrissait
dans son esprit et réchauffait dans son coeur un projet aussi plein de patriotisme
que de religion, et l'heure semblait venue où il allait pouvoir le mettre à
exécution. L'ivrognerie faisait de terribles ravages dans tout le Canada; et
elle avait alors ce caractère particulier, qu'on semblait ne la considérer ni
comme une honte ni comme un péché bien grave.
Pour combattre ce désordre
affreux, monsieur le grand-vicaire Mailloux se fit exclusivement l'Apôtre delà
Tempérance, et bien que le mal eût jeté déjà des racines profondes, après
quelques années de travaux, ce zélé missionnaire avait changé la face du pays. On le vit donc, pendant
longtemps, armé de l'étendard de la croix, parcourir les unes après les autres
les paroisses des villes et des campagnes et y établir celte Société admirable
de Tempérance dont la sainte rigueur était bien nécessaire au caractère du
peuple canadien et qui demanderait peut-être, de nos jours encore, un apôtre
pour la raviver au milieu de nous.
Les générations qui ont été témoins, de
cette première croisade, se rappellent encore combien ce prêtre vénéré mettait
d'ardeur dans l'accomplissement de son oeuvre. Sa parole, forte et onctueuse à
la fois, ne connaissait pas d'obstacles, et si quelquefois, en lui, Je
prédicateur paraissait austère, le confesseur rachetait cette sévérité apparente
par la plus miséricordieuse douceur. Que d'âmes lui devront leur salut éternel
! Après des* semaines et des mois de travaux incessants, de veilles et de
fatigues, l'apôtre des retraites et de la Tempérance s*accordait comme à regret
quelques jours de repos. Il avait choisi pour demeure la maison de son ami le plus
intime, le Révérend Messire Pierre Villeneuve, alors curé de Saint-Charles.
Là,
jouissant, pour ainsi dire, de la vie de famille, s'occupant de quelques
travaux manuels, consacrant ses loisirs à la culture de la musique religieuse
et à quelques autres amusements favoris, il trouvait encore l'occasion de
satisfaire son zèle en aidant son confrère bien-aimé dans tous les soins du
ministère et surtout dans la prédication et dans la direction des âmes. C'est à
peu près vers cette époque qu'il présenta aux associés de la Tempérance son
opuscule intitulé La Croix, qui se conserve avec respect dans presque toutes
nos familles chrétiennes.
Il publia aussi vers le même temps Le Manuel des
parents chrétiens, oeuvre remplie de conseils salutaires pour le bien spirituel
et temporel de ce peuple qu'il aimait si tendrement et qu'il voulait enchaîner
à jamais sous le joug de la foi et de la vertu. Non content de se montrer
patriote dans ses travaux apostoliques, dans ses écrits, il voulut encore encourager,
par ses exemples, l'oeuvre de la colonisation ; et on le vit, un jour, à la
tête d'une nombreuse cohorte de défricheurs, aller travailler, pendant
plusieurs semaines, à l'avancement de ce township qui porte son nom et où sont
établis maintenant des cultivateurs à l'aise qui lui sont redevables d'une
large part de leur prospérité.
On rapporte que. Pendant cette expédition si
ardue après de pénibles journées, il passait encore une partie de ses nuits en
oraison, voulant, disait-il, prier à la place de ses chers compagnons qu'il
voyait accablés de fatigues et qui plus que lui avaient besoin de repos. M.
Mailloux menait, depuis huit longues années, cette vie laborieuse, lorsqu'un pénible
incident vint encore un ibis modifier son genre d'apostolat. Le 31 août 1856,
le révérend M. Pierre Villeneuve mourait à l’Hôtel-Dieu de Québec, emportant
dans sa tombe les regrets et l'amour de la paroisse de Saint-Charles tout
entière.
Monsieur le grand - vicaire Mailloux pleura ce tendre ami avec lequel
il avait coulé des jours si heureux ; et, comme pour faire diversion à sa
douleur, il s'oifrit pour la mission des Illinois que de tristes circonstances
avaient rendue nécessaire. Et qui mieux que lui pouvait arrêter ce schisme
naissant ? En face d'un prêtre apostat et infidèle, ne fallait-il pas un prêtre
véritablement digne de son nom, un prêtre inviolablement attaché à la doctrine
de l'Église, et portant sur son front le triple cachet de la mortification, de
l'obéissance et de la pureté sacerdotale ?
Cette mission des Illinois fut
féconde en fruits de salut : et quand, en 1862, il laissa à ses dignes coopérateurs
cette terre qu'avait voulu ravager l'ennemi, il put emporter dans son coeur la
certitude d'avoir remis pour toujours dans le droit chemin grand nombre de
familles qui s'étaient laissées entraîner presqu'invinciblement dans les
sentiers de l'erreur. De retour au Canada, il se donna avec une nouvelle ardeur
à l'œuvre des retraites. Pendant un an, il interrompit ce travail pour se
charger de la paroisse de Bonaventure, dans le district de Gaspé; mais le Ciel,
content de ses nobles efforts, voulait qu'il terminât ses jours dans des
occupations plus paisibles et plus proportionnées à son âge, ainsi qu'à sa
santé qui allait s'allérant de jour en jour.
Depuis celte époque jusqu'à sa mort,
il fut successivement l'hôte d'amis de son choix qu'il mentionne et remercie
tout particulièrement de leur charité dans son testament. Du mois de mars 1866
au mois de juin 1870, il accepta l'hospitalité du révérend M. Martineau, curé
de Saint Charles, qui le traita toujours avec une déférence toute filiale. En
retour de toutes ces prévenances respectueuses, Monsieur le grand-vicaire
Mailloux lui rendait tous les services dont il avait besoin, et c'est grâce à
lui, et même sur ses instances, que Monsieur le curé de Saint-Charles put
faire, en 1870, Tannée du Concile du Vatican, sou voyage en Europe et son
pèlerinage à la Ville Eternelle.
Depuis 1870, jusqu'à sa mort, M. Mailloux
vécut à Saint-Henri de Lauzon, auprès de ces deux autres amis de son coeur, M.
le curé Grenier et le révérend M. J. B. Côté, qui n'ont cessé de lui prodiguer
jusqu'à la fin, les marques du plus sincère attachement. Pendant ces dix
dernières années de sa vie, M. Mailloux ne resta pas inactif. De temps en temps
encore, autant que ses forces le lui permettaient, il donnait quelques
retraites, avec moins de vigueur peut-être qu'autrefois, mais avec des
résultats non moins précieux. C'est aussi pendant ce laps de temps qu'il
élabora, à force d'études et de veilles/ ses ouvrages si bien connus sur La
Tempérance, sur Le Luxe, et tout récemment encore, un volume intitulé : Le
Petit Arsenal.
C'est un livre de controverse élémentaire destiné à la classe
peu instruite et qui a reçu l'approbation des évêques de la Province, Monsieur
Mailloux a laissé de plus l'Histoire de l'Ile aux Coudres, et un résumé inédit
de l'Histoire de l'Église ainsi qu'une foule de notes précieuses et de
documents qui peuvent servir à notre histoire ecclésiastique, en particulier.
Son testament lègue au Séminaire de Québec tous ses manuscrits, comme un gage
de reconnaissance et d'affection pour cette maison envers laquelle il se
trouve, dit-il, redevable de tant de bienfaits.
Ce qu'il faut rechercher, avant
tout, dans Ja série des ouvrages de M Mailloux, ce ne sont pas, sans doute, les
délicatesses d'un style brillant et châtié : un travail trop rapide lui faisait
négliger ces justes exigences de l'art ; majs si on oublie un instant ces
quelques défauts, on sera étonné, en lisant ses oeuvres, de voir les recherches
qu'elles ont dû exiger et l'érudition dont elles témoignent. La science qui semble
y prédominer, c'est la connaissance approfondie des Saintes Écritures et des
Pères de l'Église. Mais à chaque page aussi se révèlent, sous une doctrine
quelque peu sévère, un jugement généralement sûr et une chaleur d'âme, qui
portent la conviction dans les esprits et la persuasion dans tous les coeurs.
Jusqu'ici
nous avons admiré l'athlète du Seigneur combattant les bons combats de la foi
et la confessant par ses oeuvres admirables devant une multitude de témoins :
certa bonum certamen fidei : confessas bonam confessionem coràm multis
testibus. II nous reste à le contempler maintenant au moment où il va cueillir
le prix de ses travaux et recevoir la couronne de gloire qui lui est destinée :
appréhende vitam oeternam in quâ vocatus es.Pendant son séjour à Saint-Henri de
Lauzon, M, le grand-vicaire Mailloux s'occupait activement du saint ministère. Le
tribunal de la pénitence et la prédication de la parole de Dieu attiraient particulièrement
son attention. Au mois de mai de cette année 1877, pour accomplir un voeu qu'il
avait fait, il prêcha trente sermons sur la sainte Vierge.
Ces sermons furent
les derniers de sa vie. Cet effort d'amour pour glorifier la Reine des Cieux
lui démontra combien ses forces s'en allaient rapidement; et dans l'allocution du
dernier jour, comme par un instinct prophétique, il laissa comprendre aux fidèles,
et à ses confrères chéris, que désormais sa voix cesserait de se faire entendre.
11 ne disait que trop vrai. Pourtant il continua encore de se rendre au
confessionnal et de célébrer la sainte-messe ; mais plus d'une fois, il fut
pris de défaillances, et un jour en particulier, (c'était pendant le Triduum de
la Bonne Sainte Anne,) il demeura assez longtemps évanoui, dans le jardin du
presbytère,où personne ne l'avait aperçu.
Le 31 juillet, il quittait
Saint-Henri pour se rendre à l'île-aux Coudres, pressé, disait-il, par le
besoin de repos, et voulant respirer encore une fois l'air natal ! Dans l'état
de faiblesse où il se trouvait, on peut affirmer que la Providence seule Ta
soutenu et conduit jusqu'à cet endroit où il devait terminer sa carrière. Deux
ans auparavant, lorsqu'il célébrait, à l'IIe-aux-Coudres même, sa cinquantième-année
de prêtrise, par une fête de famille qui restera à jamais célèbre dans l'Ile
tout entière, il avait déclaré publiquement aux paroissiens qu'il viendrait
mourir au milieu d'eux. Il tenait sa parole : encore quelques jours et ses
voeux allaient être exauces ! Le 4 du présent mois, jour de l'ouverture des
Quarante-Heures dans l'église paroissiale, M. le grand-vicaire se leva dès
l'aurore et commença la sainte-messe, mais, après la consécration, il fut
atteint d'une nouvelle défaillance.
Sentant que c'était la dernière, il se
communia lui-même avec cette piété qu'on admirait en lui : il prit également le
calice du sang précieux, puis après ce viatique sacré, il se rendit en toute
hâte à la sacristie, où M. le curé de l'île-aux-Coudres lui prodigua ses soins
empressés et le reconduisit au presbytère. Les forces lui revinrent, cependant,
quelque peu, et dans le cours de la journée, il put voir quelques vieux amis de
la paroisse et converser avec eux. Mais, sur les quatre heures et demie de
l'après-midi, se sentant plus mal, il appela. On lui prépara aussitôt en toute
diligence une potion cordiale pour le réconforter ; mais lorsque, quelques
minutes après, on se rendit auprès de lui pour la lui présenter, on le trouva
immobile et doucement étendu sur son lit. Il venait de rendre le dernier soupir
sans autre effort que celui d'un voyageur qui, au terme d'une longue course,
s'endort d'un paisible sommeil.
Son bréviaire était encore dans sa main et
témoignait hautement que son dernier acte avait été un acte de religion, sa
dernière parole, une élévation de son coeur vers Dieu. M. l'abbé Deniers,
vicaire de la Baie Saint-Paul, se trouvait en ce moment au presbytère. Espérant
qu'un reste de vie pouvait peut-être errer encore sous ces membres glacés, il
prononça les paroles de l'absolution et fit l'onction générale pour les
mourants, mais il constata bientôt que c'en était fait et pour toujours. Une
mort subite laisse toujours dans l'âme de pénibles émotion ; mais en considérant
les traits si paisibles de cet ami de Dieu, on se consolait au souvenir de
cette parole de la sagesse : Quand même le juste mourrait d'une mort
précipitée, il se trouverait dans le repos : Justus, si morte proeoccupatus fuerit,
in refrigerio erit. Ah ! S’il était quelqu'un sur la terre qui pût se passer
des derniers secours que l'Église réserve à ses enfants, n'était-ce pas celui
qui, le matin même, s'était nourri du pain des forts? N’était-ce pas ce
vaillant soldat du Christ qui depuis longtemps avait vaincu la puissance du démon
et qui n'attendait plus que la couronne incorruptible promise paj le Prince des
Pasteurs ?
La nouvelle de la mort de M. Mailloux tomba partout comme un coup de
foudre et se propagea avec la rapidité de l'éclair. En un instant tous les paroissiens
en furent informés et le soir même, le télégraphe annonçait que le Seigneur
venait d'appeler à lui son bon et fidèle serviteur. Pendant que les anges du
ciel se réjouissaient du triomphe de ce saint apôtre de la Croix, ses amis de
la terre le pleuraient et lui préparaient des funérailles dignes de lui. Elles
furent célébrées le huit août dans l’église de l’île-aux Coudres, au milieu
d'un concours immense de fidèles et en présence d'un grand nombre de membres du
clergé. Monseigneur l'Archevêque de Québec, voulant témoigner de sa vénération
pour l'illustre défunt, présida lui-même à cette lugubre cérémonie ; et, avant
de confier à la terre la précieuse dépouille, il prononça sur la tombe l'éloge
funèbre de ce prêtre distingué dont le nom béni sera à jamais la gloire du
sanctuaire.
Après un demi-siècle de travaux incessants dont le théâtre s'étend
des limites de l'Illinois aux côtes lointaines de la Gaspésie, après tant de
privations, de peines et de fatigues, qu'il repose en paix ! Qu'il dorme le
sommeil des saints dans cette église où il a prié à tous les âges de sa vie,
auprès de cet autel où tant de fois il célébra les saints mystères et où il est
venu, à son dernier jour, déposer cette riche moisson de mérites dont il reçoit
maintenant ia juste récompense ! Quelque bien approprié, cependant, que soit le
lieu de sa sépulture, ce n'était pas là celui qu'il avait désiré.
Ce qu'il
voulait, ce qu'il avait demandé instamment, dans l'expression écrite de ses
dernières volontés, c'était d'être déposé dans le cimetière de la paroisse où il
mourrait, au pied même de la grande croix qui protège ce séjour de la mort, en
souvenir de la Société de la Croix qu'il avait établie. Reposer à l'ombre de
cet arbre de vie, en attendant le jour du jugement, tel était son voeu suprême
Et pouvait-il réclamer un monument plus glorieux, cet homme de la croix, cet
apôtre dont la vie ne prêcha jamais autre chose que Jésus et Jésus crucifié ? Ce
saint prêtre voulait encore, en agissant ainsi, rester plus présent à l'esprit des
fidèles et leur recommander même après sa mort la fidélité aux leçons de vertu
qu'il leur avait enseignées.
Mais si l'autorité ecclésiastique n'a pas cru devoir
obtempérer à ses désirs ; si on a préféré mettre dans le sanctuaire celui qui
fut une colonne dans la maison de Dieu, celui qui sera à jamais le modèle de la
sainteté sacerdotale, le peuple canadien n'en conservera pas moins, malgré
cela, le souvenir de cet homme si dévoué à la religion et à la patrie, et qui
ne connut d'autre joie ici-bas que celle de s'oublier lui-même pour se donner
tout entier à l'amour et au service de ses frères Dans une des dispositions de
son testament, après maintes recommandations, toutes dictées par l'humilité la plus
profonde, M. le grand vicaire Mailloux a demandé qu'on ne lui fît aucun éloge
sur les feuilles publiques. Nous avons dû enfreindre ses ordres.
Puisse-t ’il
du haut du ciel nous pardonner notre pieuse désobéissance ! Puisse surtout
cette humble notice contribuer quelque peu à conserver plus longtemps parmi
nous le souvenir de ce saint prêtre qui fut toujours si agréable à Dieu et si
vénérable aux yeux des hommes !
Source:
Auteur inconnu
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